Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Evolution
Evolution
Publicité
Archives
22 août 2010

FINISH

Bon ba ça y est. J’ai lu ma nouvelle acquisition dont je vous parlais il y a 2 jours. Une forme de Vie, Amélie Nothomb à la si belle voix. Moins de 200 pages, format A5, marges de 2cm de chaque côté et police Times New Roman taille 14. Ca se lit vite quoi. C’était chouette, je ne savais pas du tout où j’allais. Mais alors pas du tout du tout. Déjà qu’il y a 2 jours Amélie Nothomb était la plus grande des inconnues pour moi alors c’est normal que je ne puisse pas m’attendre à grand-chose de son dernier roman ! Bon. Je l’ai commencé dans le métro. Le jour même de son achat. Vers 17h. Et voilà, ça y était, enfin ! J’ai ressenti cette si particulière émotion, un mélange d’excitation, avec un soupçon de joie et une grande cuillère à soupe de curiosité diluée dans de la gourmandise. Le truc que tout le monde recherche et espère trouvé en commençant un bouquin. Qui nous fait tout oublier le temps de la lecture et qui nous empêche de nous arrêter. Qu’est ce que c’était bon de ressentir ça à nouveau ! Le dernier livre qui m’a ainsi fait vibrer, je l’ai lu au mois de juin. C’était Une femme de Anne Delbée. Elle nous révélait l’incroyable vie de Camille Claudel, la sculpteur, sœur aînée de l’écrivain Paule Claudel et maîtresse de Rodin.

   

         

claudel_valse

La Valse, Camille Claudel

    

      

Pour faire court et pour ne pas en divulguer le fond, Une forme de vie semble être un échange de correspondance entre l’auteur elle-même et un de ses lecteurs. Je dis « semble être » car, encore à vif de cette lecture, je n’ai pas cherché à savoir si ça lui était vraiment arrivé ou pas. Amélie nous retransmet donc ces lettres qu’elle a reçut d’un certain Melvin Mapple et auxquelles elle a répondu, en nous racontant ce qu’elle en pensait, et en ponctuant le tout de quelques anecdotes liées aux courriers de ses lecteurs. Voici ma lettre préférée :

    

Cher Melvin Mapple,

J’en suis à présent à mon 66è manuscrits et je suis frappée par la pertinence de votre comparaison. En vous lisant, j’ai pensé à cette avant-garde de l’art contemporain qu’est le body art.

           J’ai connu une jeune étudiante en art qui, à titre de travail de fin de cursus, avait décidé de faire de sa propre anorexie, qu’elle était en train de vivre, un œuvre : elle photographia patiemment son amaigrissement dans le miroir de sa salle de bains, nota les chiffres du poids sans cesse en baisse, les mit en parallèle avec les cheveux tombés qu’elle récolta, inscrivit la date de l’arrêt des règles, etc. Son mémoire, qui se passait de commentaire, se présentait sous la forme d’un syllabus intitulé « Mon anorexie » et ne comprenait que des photos, des dates, des chiffres de pesée, des poignées de cheveux, jusqu’à la fin qui, dans son cas, ne fut pas la mort, mais la page 100, puisque les travauwdevaient comporter ce nombre de feuillets. Elle eut juste la force de soutenir le travail devant les professeurs qui lui attribuèrent la note la plus haute. Ensuite, elle entra en clinique. A l’heure qu’il est, elle va beaucoup mieux et je n’exclus pas la possibilité que son entreprise estudiantine y ait largement contribué. Les anorexiques ont besoin que leur mal soit non pas condamné, mais constaté. La jeune fille avait trouvé un moyen très ingénieux de le faire tout en réglant le problème toujours épineux du mémoire.

Mutatis Mutandis, vous pourriez lui emboîter le pas. Je ne sais pas si jusqu’à présent vous avez photographié votre prise de poids, mais il n’est pas trop tard pour vous y mettre. Notez les chiffres et tous les symptômes physiques et mentaux de votre évolution. Vous avez sûrement des photos de vous du temps de votre minceur, que vous placeriez en début de carnet. Vous allez continuer à grossir, vous pourrez ainsi prendre des clichés de plus en plus impressionnants. Faites en sorte de repérer les parties de votre corps que l’embonpoint privilégie. Pour autant, ne négligez par les zones plus défavorisées tels les pieds, si ces derniers ont sûrement moins enflé que le ventre ou les bras, votre pointure a dû augmenter elle aussi.

Voyez vous, Melvin, vous avez raison : votre obésité est votre œuvre. Vous surfez sur la vague de la modernité artistique. Il faut intervenir dès maintenant car ce qui est passionant dans votre démarche, c’est autant le processus que le résultat. Pour que les pontes du body art vous reconnaissent comme l’un des leurs, il faudrait peut être également que vous notiez tout ce que vous mangez. Dans le cas de la jeune fille anorexique, le chapitre était plus simple : chaque jour, rien. Dans votre cas, cela risque d’être fastidieux. Ne vous découragez pas. Pensez à l’œuvre, qui est pour l’artiste l’unique raison d’être

Amicalement,

Amélie Nothomb

Paris, le 21/04/2009

   

   

Cette lettre ne révèle rien de l’intrigue générale qui j’en suis sur ne correspond en rien à ce que vous vous imaginez. Pour finir sur une note encore plus mystérieuse : les 5 dernières pages m’ont beaucoup fait rire. La chute est juste énorme, il faut que je sache si c’est vrai ou pas, et si c’est le cas, je dis chapeau !

De lire les réactions d’Amélie Nothomb face à son courrier m’a fait revenir plus d’un an en arrière. Je me suis souvenue que moi aussi un jours j’avais écrit une lettre à l’auteure d’un autre livre qui m’avait fait vibré et que j’avais emprunté à la bibli du lycée. C’était Elle s’appelait Sarah de Tatiana de Rosnay. Elle m’a répondu ! Je me suis stupidement sentie pleine d’un orgueil innocent. Qu’est ce qu’on peut être naïf au lycée. Enfin si ce n’était qu’au lycée… :-D

Une dernière citation :

« Un artiste qui ne doute pas est un individu aussi accablant qu’un séducteur qui se croit en pays conquis. »

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Ben, tu sais quoi? Tu m'as vraiment donné envie de le lire ce bouquin!!! Je n'ai encore rien lu d'elle, par préjugés certainement (trop élitiste?)... Je finis en ce moment "La tache" de Philip Roth, peut-être que ce sera mon prochain choix :-)
Publicité